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lire sa vie
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24 septembre 2012

1

On ne devrait pas vivre sans lire.

Mais lire sa vie,  n'est-ce pas un peu particulier ?

C'est par exemple éprouver un sentiment profond et se souvenir d'un roman en même temps.

C'est aussi lire un passage émouvant et décrypter une sensation que l'on ressent.

Là, tout de suite, par exemple, je vous offre ceci :

L'air frais du dehors m'a fait du bien. J'ai proposé à Betty de faire un petit tour avant de rentrer. Elle m'a pris par le bras en hochant la tête. Il y avait déjà quelques petites feuilles sur les arbres et l'air les froissait et on pouvait sentir l'odeur des jeunes pousses qui envahissaient la rue, une odeur de plus en plus forte. On a remonté la rue silencieusement. Il arrive un moment où le silence, entre deux personnes, peut avoir la pureté d'un diamant et c'était le cas. C'est tout ce que je peux dire. Alors bien sûr, la rue n'est plus tout à fait une rue, les lumières sont fragiles comme dans un rêve, les trottoirs sont nickel, l'air vous pique la figure et vous sentez monter en vous une joie sans nom et ce qui vous étonne, c'est de pouvoir rester aussi calme et de lui allumer une cigarette en vous mettant le dos au vent sans qu'un petit tremblement de la main vienne vous trahir.

C'était le genre de balades qui pouvait remplir une vie, qui réduisait n'importe laquelle de vos ambitions à néant. Une balade électrique, je dirais, et capable de pousser un homme à avouer qu'il aime sa vie. Mais moi, j'avais pas besoin qu'on me pousse. Je marchais le nez en avant, je tenais la grande forme. J'ai même aperçu une étoile filante mais j'ai été incapable de faire un voeu, ou alors si, bon sang, oh si Seigneur, faites que le paradis soit à la hauteur et que ça ressemble un peu à ça. C'était bon d'avoir la forme et de se sentir d'humeur aussi légère, ça me rappelait mes seize ans, quand je shootais joyeusement dans les boîtes de conserve en allant à un rendez-vous. A seize ans, j'avais encore jamais pensé à la mort. J'étais un petit rigolo. Philippe Djian, 37°2 le matin, J'ai lu, pp 207,208

 

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Ca a l'air d'être si facilement écrit et pourtant c'est fort.

 

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Commentaires
D
salut Pierre, content d'avoir de tes nouvelles. j'aime bien Philippe Djian et aussi ce qu'il commet. a bientôt.
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