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6 juin 2015

132 Terrorisme !

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(j'ignore pourquoi mais j'ai tout de suite pensé aux rhododendrons en fleurs pour illustrer cette chronique)

 

Je ne sais pas vous, mais moi, je n’y comprends plus rien. À force d’être manipulé par les uns et les autres, je ne trouve plus le fil de la vérité, s’il y en a un ! Petite synthèse sans prétention de ma déréliction :

1. Partout par où sont passés les GI’s (en général avec une aide suppléante de l’Europe), ils ont foutu le bordel et fini par renforcer les « terroristes » ; – pour mémoire, l’Afghanistan où les Talibans reviennent, l’Irak où Bush fils et ses troupes ont tué en quelques mois par leurs bombardements 200.000 personnes dit-on, y compris femmes et enfants, « tragique record » que Daech même prospère aura du mal à égaler ; et aussi notre petite gloire à nous (merci Sarko et BHL), la Lybie (c’est chouette la Lybie aujourd’hui).

2. Les frontières, nées de la partition occidentale lors de l’agonie de l’empire ottoman, explosent à nouveau, et nous braves citoyens occidentaux manipulés, qui avons pourtant en horreur les dictateurs, sommes quasi forcés de constater que c’était moins pire avant sous Saddam, Khadafi et Bachar El Assad (en sursis). Malgré la gouvernance de dictateurs (« sanguinaires » évidemment) en Irak et en Syrie, les minorités (religieuses) étaient à peu près respectées et les femmes étaient plus libres. Celles qui le voulaient se promenaient sans voile.

3. Et pour noyer le poisson dans l’eau des informations sans queue ni tête (de poisson), on nous répète que nous sommes alliés avec des États ultrareligieux, à faire pâlir Daech. Je ne vois pas très bien où se situe la différence idéologique entre les régimes saoudiens et quatari bien établis et celui de Daech en cours d’élaboration (ils pourront peut-être nous acheter des Rafales un jour prochain).

4. En même temps que je vous fais ce rapide tour d’horizon de mes incertitudes et incompréhensions, j’écoute le discours d’Abd Al-Fatah Al-Sisi (président de l’Égypte) devant un parterre impressionnant de religieux égyptiens (islamiques et coptes) à Al Azhar (l’université de théologie la plus réputée des sunnites).  Ce général les tance vertement, leur balançant en substance que « bien sûr nous avons tous la foi, mais vous les religieux (les imams), vous devriez arrêter avec cette connerie d’idéologie de la religion qui vous enferme comme des autistes. Vous devriez plutôt consacrer tous vos efforts à réformer cette idéologie pour l’adapter au monde moderne au lieu de promettre la mort à tous ceux qui ne pensent pas comme vous, c'est-à-dire plus des trois quart de l’humanité. » Et ce général détonnant conclut en disant que « s’il n’évolue pas, l’islam va droit dans le mur ». (www.youtube.com/watch?v=NJfnquV7MHM&noredirect=1). Cela me rappelle curieusement le fameux discours de Nasser dans lequel il se moque des gens qui, voulant que leur femme porte le voile, demandent à l'Etat de rendre le port du voile obligatoire ! (www.youtube.com/watch?v=D-DZUnh8-Ro).

5. Pendant tout ce temps, des centaines de jeunes gens s’esquivent de leur environnement pour aller prêter main forte à Daech, convaincus par son idéologie. Ils s’imaginent peut-être qu’ils vont participer à la construction d’un monde nouveau plus juste ! Un peu à la manière de la génération d’avant dont certains rêvaient d’aller aider Guevara dans sa révolution après avoir lu « la guerre de guérilla ». Et encore avant, une génération s’est égaillée dans les Brigades Internationales en Espagne, entre anarchisme, stalinisme et trotskysme. Il n’y avait pas encore de Maos. Tous victimes de Bovarisme, selon la définition de Jules de Gaultier (1906), c'est-à-dire lire hypnotiquement un roman puis sortir le vivre (extrait tiré du roman dont je vous parle plus loin).

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Ce n’est donc pas un hasard (mot d’origine arabe signifiant « dés »), si j’ai tiré de la masse incroyable de bouquins étalés dans tous les sens sur deux étages dans ma librairie chérie, un poche qui cause du terrorisme. Pile poil. Et l’écrivain en question en connaît un rayon puisqu’il est Argentin. Toute la théorisation intellectuelle du terrorisme s’intercale dans son roman, depuis l’anarchisme russe, le retour à la nature, la lutte anticapitaliste jusqu’à aujourd’hui. Vous pensez peut-être que c’est indigeste. Et bien non ! Loin de freiner la narration de l’intrigue (policière), cet aspect du roman lui donne une profondeur vertigineuse.

Nina soutint immédiatement l'hypothèse du terroriste solitaire. Il fallait imaginer un homme recherché par la plus efficace des machines de renseignement du monde, un loup maraudeur, solitaire, sans contacts, sans relations. En Russie, avant les Bolcheviks, les révolutionnaires agissaient seuls, ils ne voulaient compromettre personne, ils abandonnaient souvent leurs amis et leurs enfants. (...) Le populiste Sergueï Netchaïev avait publié "le catéchisme du révolutionnaire", dont le célèbre premier paragraphe disait : "Le révolutionnaire est un homme condamné d'avance ; il n'a ni intérêts personnels, ni affaires, ni sentiments, ni attachements, ni propriété, ni même de nom. Tout en lui est absorbé par un seul intérêt, une seule pensée, une seule passion : la révolution."

La croyance corrosive que l'histoire est régie par ses propres lois avait légalisé les crimes politiques. Lorsque Nina s'en était allée de Paris, la discussion entre Sartre et Camus s'était centrée sur cette question. Camus refusait d'accepter le sophisme selon lequel l'histoire - cette abstraction - justifiait n'importe quelle action. Sartre, en revanche, soutenait que la violence capitaliste se justifiait par elle-même, alors que quiconque l'affrontait devait trouver des raisons pour se défendre.

"Le négateur, le destructeur, se propose de réduire en cendres le monde pour que, de ses cendres, surgisse un phénix noble et pur. Mais où diable est le phénix ? dit Nina.

Ricardo Piglia, Pour Ida Brown, folio, traduit de l'espagnol (Argentine) par Robert Amutio

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