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31 octobre 2015

146 Le décoloré recoloré

Je ne sais pas pourquoi j’aime particulièrement cet auteur mais je vais essayer de me l’expliquer de sorte que je ne pourrai plus dire dorénavant que j’ignore pourquoi je l’apprécie tant. En effet, dès que je mets mon nez dans un de ses romans, je savoure, et celui que je viens de terminer doit représenter le 7ème ou 8ème roman que je lis de lui. Pourtant, dans la plupart de ses romans, l’auteur ne nous met pas aux prises avec une histoire incroyable sensée nous tenir en haleine de la première à la dernière ligne. Il n’y a pas non plus en général de personnages particulièrement extravagants, de ceux qui sortent absolument de l’ordinaire et qui permettent à la pub de nous raconter que c’est un roman à couper le souffle, non, dans celui-ci, il n’y a que des gens un peu dans la marge, certes, auxquels je peux m’identifier et auxquels je m’identifie, des personnages qui apparaissent au milieu du roman et disparaissent avant la fin, d’autres impliqués au début puis qui disparaissent et réapparaissent à la fin, une sorte de chaos qui ressemble à la vraie vie, celle à laquelle chacun de nous doit faire face, et en réalité, cela doit être la raison pour laquelle le livre me plaît et me procure un réel bonheur tout au long de sa lecture.

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Le bonheur en ce moment (et toujours) est une philosophie à cultiver avec beaucoup de sérieux pour contrer tous les grimaceurs aux dents longues et aux idées courtes des partis nationalistes (ces idées magiques qui résolvent tout en un tour de baguette et dont nous pâtirions tous dans notre chair si elles étaient appliquées). Ce roman me semble un si bon antidote que le docteur démocratie devrait le prescrire à tous les ressentimentaux qui ricanent dans tous les coins des pays qui s’emmurent (avec obligation de le lire).

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Voici ce que j’écrivais il y a trois ans (chronique n°4) à propos de cet écrivain : « Figurez-vous que ce gars-là, rien qu’en le lisant, avec ce ton, cet humour, cette imagination formidable, ces personnages un peu perdus dans leur vie, m’a transformé et m’a révélé un peu plus à moi-même ! Sans rire. On ne plaisante pas avec ces choses-là ». C’est beaucoup à cause de ce genre d’écrivain que j’ai commencé ce blog. Dans ses romans, j’ai la sensation de me baigner dans la mer car je me sens porté par une force à condition de faire un minimum de mouvements (tourner les pages par exemple) et c’est une sensation des plus agréables, ce qui ne veut pas dire insipide, tout au contraire car je trouve cet écrivain extrêmement profond (En nageant une demi-heure environ, deux fois par semaine, Tsukuru parvenait à conserver un équilibre satisfaisant entre son corps et son esprit. De plus, l’eau était un milieu particulièrement adapté à ses réflexions. C’était comme un exercice zen).

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Je m’identifie facilement quand je partage le même fantasme (Durant cette nuit pluvieuse de mai, peut-être que quelque chose en lui, une part de lui, s’était rendu à Hamamatsu à son insu, et avait passé un cordon autour du joli cou de Yuzu, de son frêle cou d’oiseau), la même sensation d’équilibre émanant (de la sensation des seins épanouis d’Eri se pressant doucement contre lui), et moi aussi, vous n’allez pas me croire et pourtant c’est vrai, j’adore aller dans une gare (observer les gens et les trains qui partent (comme d’autres vont au concert ou au cinéma, danser dans un club, assister à un match ou faire du shopping. Il lui arrivait fréquemment d’y passer son temps libre, quand il ne savait pas quoi faire. Quand il était anxieux ou qu’il avait à réfléchir, c’était là que ses pas le portaient naturellement). La vie passe et chacun doit faire des choix. Ils ne sont pas les mêmes pour tous, ils ont l’air parfois délibérés mais sont le plus souvent imposés par la vie elle-même ou par les autres. Tout ce qu’il faut, c’est échanger pour enrichir les rapports humains et réfléchir sur sa vie pour rendre ses décisions plus judicieuses. Vraiment, quand je lis Haruki je me sens Murakami.sur sa vie

Il est proriétaire d'un appartement de deux pièces dans une jolie résidence, bien située, proche du centre-ville. Il n'a contracté aucun prêt. Il ne boit pour ainsi dire pas, ne fume pas, n'a aucun passe-temps coûteux. A vrai dire, il ne dépense presque pas. Non qu'il cherche à épargner ou à mener une vie d'ascète, simplement, il ne voit pas très bien comment dépenser son argent. Il n'a pas de voiture et se contente de peu de vêtements. Il achète parfois des CD ou des livres, mais il ne s'agit pas de grosses dépenses. Il préfère manger chez lui qu'à l'extérieur, il lave et repasse lui-même ses draps. (...) A trente-six ans, il mène apparemment une vie de jeune homme aisé. Il est en bonne santé, n'a pas d'embonpoint, n'a jamais soufert de la moindre maladie. Une vie sans faux pas, pensent sans doute les gens. Tout comme sa mère et ses soeurs. "Tu es tellement heureux de vivre seul. Tu n'as sûrement aucune envie de te marier", ont-elles déclaré à Tsukuru.

Haruki Murakami, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, 10/18, traduit du japonais par Hélène Morita

 

 

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