Voici un roman d’une originalité débordante dont les 247 pages s’immiscent totalement dans l’actualité de notre société contemporaine multiculturelle, complexe et polémique, où la violence, quelle que soit son origine, sème l’inquiétude dans nos esprits qui préféreraient survivre en paix et en liberté.
Saluons d’abord l’audace de l’auteur qui a choisi de se lancer dans une fiction proche de la réalité qui alimente quotidiennement nos chaînes de télévision et leurs débats. Mais la singularité de cet ouvrage ne réside pas seulement dans le sujet développé de main de maître par notre écrivain, visiblement hyper documenté sur les idéologies antagoniques de notre France, mais aussi dans la présentation du récit : un roman complètement dépourvu de chapitres numérotés qui, par ses suites de paragraphes, ses nombreux dialogues et ses personnages nuancés, peut plonger le lecteur dans les séquences d’un long métrage ou d’une série télé ; un avenir sur écran très envisageable pour ce roman. Lisez-le aussi, chers réalisateurs et producteurs, il peut vous inspirer !
Dans ce « roman-film » contemporain, le lecteur entre aussi profondément dans les pensées des protagonistes et est confronté parfois au vocabulaire et aux expressions typiques des « jeunes des cités » comme on les nomme aujourd’hui.
Le titre du livre est très bien choisi et correspond parfaitement à son contenu puisque les aventures des adversaires ne se déroulent pas dans des scènes de batailles, peuplées d’innombrables troupiers, ponctuées de rafales de tirs, d’explosions, d’incendies et d’effondrements. Ce n’est effectivement pas la chronique d’une guerre civile mais celle d’une guerre civile annoncée, donc qui n’a pas encore eu lieu ; le livre intègre son lecteur dans les prémices et les stratégies sournoises d’un conflit potentiel.
Pour éviter absolument cette lutte armée entre citoyens d’une même patrie , PIERRE FERIN met en évidence le fait que les extrémistes de tous bords représentent un véritable danger pour la France et que la tolérance et l’humanisme sont à privilégier dans notre conscience.
Bien entendu le « vivre ensemble » est un idéal à atteindre pour garantir la paix ; découvrir et apprécier la culture, la musique, les recettes culinaires, les traditions de « l’autre » jusqu’à avoir envie de le serrer dans ses bras. Malheureusement, qu’ils soient fondamentalistes, intégristes, marxistes, islamistes, fascistes, racistes, nationalistes, végans, nudistes, etc ... certains d’entre eux ne peuvent vivre ensemble que s’ils ont imposé leur idéologie par la force à tous les autres, sans exception autorisée ! Il faut des lois, bien sûr, pour gérer un pays, mais pour imposer les leurs, d’aucuns préfèrent casser des têtes plutôt que d’emprunter les chemins de la démocratie.
Pour terminer, je vous livre un petit détail de cet ouvrage qui évoque la lointaine origine belge de Pierre Ferin, auteur français de cinq romans. Deux personnages : le Chef Testard (meneur du groupuscule identitaire qui sème le chaos) et son frère le Commissaire Testart , m’ont fait penser aux Dupond et Dupont de notre célèbre Hergé. Profitons-en pour souligner également le talent de l’écrivain qui nous permet de reconnaître chacun des personnages bien nommés en passant d’un paragraphe (ou d’une séquence) à l’ autre .
Jean Piérard, auteur.