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16 novembre 2012

14 Cul-ture

samba3

 

Pas plus tard qu’hier, un ami m’a dit (je ne vous dirai pas qui) :

-il est pas mal ton bloguiot mais ça manque de cul.

-Ah !

-Oui ! Il faut du cul pour attirer les badauds, mon vieux, surtout les mecs, quoique certaines gonzesses maintenant s’y mettent aussi…s’ils voient qu’il y a du cul, ils viendront plus facilement et peut-être qu’après ils liront aussi tes autres rubriques. C’est ce que tu cherches, non ?

-Euh…Oui ! Enfin non ! En fait, j’en sais rien, et puis, du cul, il y en a déjà, dans la rubrique  n°2, par exemple, avec les réflexions de l’Ayatollah Khomeiny sur la sexualité…

-Tu parles de l’histoire du poulet ? D’accord, c’est hilarant si tu veux, mais pas du tout excitant. C’est pas pareil, c’est pas du vrai cul comme je l’entends.

-Et Calaferte alors !

-Non ! Non ! Et non ! Calaferte, c’est du cru, si tu veux, pas du cul. Et puis t’as pas mis d’extrait…

-Ah oui ! C’est vrai !

Un silence

-Mais qu’est-ce que tu veux que je mette comme cul ? Des photos de gonzesses à poil comme dans les cabines des camionneurs ou les vestiaires des usines ? Ou que je me photographie à oualpé dans un miroir pour aguicher les gays ?

-Non ! Surtout pas ! T’es pas mal conservé, ok, mais ça fera pas l’affaire quand même, et puis de ça, figure-toi, il y en a partout, mon vieux, non ! Je te parle de cul culturel !

-Voila autre chose ! Du cul culturel ! C’est quoi ? De l’érotisme sophistiqué ? Du cru cinématographique genre l’empire des sens de Nagisa Oshima ? Du sado-maso intello façon Pier Paolo Pasolini dans Salo ou les cent vingt jours de Sodome… ou encore en bien plus sage, Liza Minelli dans Cabaret ?

empire des sens

Liza Minelli cabaret

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Il ne m’a pas lâché avec son cul-turel. Je n’aime pas décevoir un ami. Quand je peux faire plaisir à quelqu’un que j’aime bien, je n’hésite pas. J’étais pourtant bien embêté. Autant je suis capable de dénuder mon âme, autant je ne suis pas intéressé par les livres de cul. Je n’en lis jamais. Je vous assure que c’est vrai. Parce que, en matière de cul, figurez-vous, je n’aime qu’une chose, faire, avec quelqu’un que j’aime. C’est comme ça. Je ne me force pas. Tant que la santé me le permet ! Après ? Je ne sais pas, on verra bien, tout revivre en images peut-être.

Et puis, c’est bête, je l’avoue, mais ça n’a pas cessé de me trotter en tête, son idée de cul-turel pour attirer les badauds. Donc, je tente une expérience pour voir si j’explose les statistiques de mon blog ! Et je me retrouve à  fouiller dans ma bibliothèque. Après tout, je ne me souviens pas de tout ce que j’ai lu. Il y a même un sacré nombre de bouquins qui apparaissent sous mes yeux dont je ne me souvenais même pas qu’ils se trouvaient là. Incroyable, non ? J’ai pourtant bien dû les acheter s’ils y sont. J’ai même dû les lire ! Et puis, bon sang de bon soir, j’ai fini par en trouver un, un roman de cul, un seul, l’unique cul-turel qui trône dans ma chère bibliothèque. Un livre de commande d’après l’auteur. Voyez-vous ça, il n’assume même pas. Mais il ajoute quand même que c’est très difficile à faire. J’ai une idée, je vous fais participer à un jeu : si vous devinez l’auteur avant de terminer la lecture de l’extrait, vous avez gagné ! Qu’est-ce qu’il y a à gagner ? Eh ben, je ne sais pas moi, par exemple, revenir gratos sur mon blog pour lire la prochaine rubrique, et puis tiens, je vous lâche un scoop, revenez autant de fois que vous voulez (même l’abonnement est gratos), mais surtout, ne manquez sous aucun prétexte le 12 décembre 2012, vous ne vous le pardonneriez pas.

Finalement, c’est ma journée d’indécision. J’ai encore changé mes plans. Suite au dernier commentaire de mon cher Nyme (le jumeau d’Ano), que je viens de lire, où il se plaint amèrement de ne pas avoir eu sa ration de Calaferte pour la route, je tente une première, faire une comparaison entre le cru de Calaferte et l’histoire de cul de mon auteur à découvrir. N’est-ce pas délicieux ? Je vous vois déjà reconnaissant avec plein d’émoustille dans les yeux.

AVERTISSEMENT ! VOUS DEVEZ AVOIR AU MOINS DIX-HUIT ANS POUR FRANCHIR CETTE LIMITE

cochon_019

 

Est-ce que vous voyez la fille toute habillée, assise sur le bord du lit, jambes ballantes, les cuisses ouvertes sous la jupe relevée, songeant à autre chose pendant que le type s’escrime sur elle, coulissant dans son trou sec, les pieds calés sur la descente de lit, courbé en deux, se voyant à l’exercice dans la glace en face, n’éprouvant rien, plus rien. Ni envie ni plaisir devant cette femme passive qui se laisse faire et attend comme s’il s’agissait d’un examen médical. Et le type n’y arrive pas. Le type n’y arrive plus comme il aurait cru un quart d’heure plus tôt dans la rue. Il scie de toutes ses forces, pousse son engin, il se dépêche, s’essouffle, s’embarrasse, souhaitant que la giclée sorte et que ce soit fini. C’est comme s’il se frottait à un bout de savon noir. Il aimerait que la fille fasse au moins semblant d’y croire un peu, pour l’aider. Et peut-être aussi qu’elle sent un peu trop fort du cul et qu’il est réellement impossible de la regarder sous la lumière, avec la graisse du maquillage et une minuscule traînée de jaune d’œuf dans le coin de la bouche, en bas à droite, qu’elle n’a pas enlevée après manger en se remettant du rouge. Cette tâche d’œuf insignifiante est difficile à oublier en ce moment, première marque d’une lêpre jaune, étrange, rebutante. La vie baigne dans une cuvette remplie de jaunes d’œufs battus, une pellicule de glaire à la surface. Tu as fini, chéri ?

Louis Calaferte, Septentrion, folio

septentrion

Je débarrassai la table, y installai deux larges coussins sur lesquels j’étendis ma serviette de bain encore humide. On dira que je prenais mon temps, que j’étais insensible aux sourdes injonctions d’Olga mais elle n’avait eu qu’un seul orgasme jusque-là et à moins de trois, elle n’était guère satisfaite. (…) Je la soulevai dans mes bras et la transportai sur la table sans qu’elle y prêtât de réelle attention, occupée comme elle était. Bonne âme, je lui glissai un coussin supplémentaire sous les reins. Lui épongeai un coin de la bouche avec la serviette. Pour plus de sureté, j’ôtai ma chemise. Quoi qu’elle prétendît, patienter quelques secondes de plus n’allait pas la tuer. Je tirai donc la psyché jusqu’à nous, l’inclinai de façon qu’elle pût observer la suite des opérations (elle ne lâchait pas son miroir à main lorsque nous étions chez elle). « Ça va comme ça ?... » Elle se contenta de hocher vaguement la tête en se mordant les lèvres. Déjà elle était en position, genoux repliés, cuisses écartées, un méchant rictus à la bouche et les narines pincées, une mèche folle collée au front. Avec un air de défi, elle employait ses deux mains pour tenir sa fente grande ouverte, sans doute au cas où j’aurais eu la vue basse, et ses doigts de pieds étaient recroquevillés de façon bizarre, signe que son second orgasme n’était pas loin. Je récupérai Telle une écolière et m’en servis pour étouffer ses grognements car lorsque je la branlais du bout de mon nez et lui introduisais ma langue dans le vagin, notre amie Olga braillait comme un cochon qu’on égorge, quand elle ne lâchait pas à la cantonnade un flot d’insanités d’une voix rauque. Un instant plus tard, d’un battement de cils, elle me remercia de lui avoir mis le doigt dans le cul au moment opportun. J’étais content qu’elle reconnaisse que je ne ménageais pas ma peine avec elle, mais j’aurais préféré qu’elle me le prouve. Aussi, pour une fois, ne lui demandai-je pas la permission de sortir ma queue, bien qu’elle me l’eût sans doute accordée si j’en jugeais par la moue obscène qui flottait encore à ses lèvres.

-Ne fais pas l’imbécile, me dit-elle en se dressant sur ses coudes.

-Bien sûr. Calme-toi.

Je fis glisser mon gland du haut en bas de sa fente : il se mit à briller comme un sou neuf. C’était le plus qu’elle ne m’avait jamais consenti, le genre de plaisanterie qu’elle ne me permettait qu’à l’extrême rigueur, à la faveur d’une exceptionnelle bonne conduite de ma part et pas à moins de deux ou trois bons jutages de son côté. Quelquefois, elle me suçait du bout les lèvres mais juste par goût de ses propres humeurs, si bien qu’elle ne s’y attardait pas longtemps, et ma foi, c’était tout. C’était à prendre ou à laisser. « Tu ne te rends pas compte des efforts que je fais pour toi ! ne cessait-elle de me répéter. Tu crois que ça m’amuse de recevoir ça sur le ventre ? Je le fais pour toi, tu sais !... » Aurait-elle préféré me voir éjaculer dans ses rideaux ? Elle m’avait à l’œil. Légèrement tendue, elle n’ouvrait plus les cuisses en toute confiance. Elle restait vigilante. Je l’étais aussi car je craignais qu’elle ne refermât brutalement ses genoux si je dépassais les bornes. Elle observait bouche bée la manœuvre dans le miroir, le bout de ma queue remontant sa fente, couinant à ses orifices, écartant ses lèvres comme une étrave dans un bloc de guimauve presque fumant. De lents allers et retours, guidés d’une main précautionneuse. Mais deux ou trois centimètres de tirant, et pas un de plus. Durant un moment, elle ne sut pas sur quel pied danser : me surveiller ou se concentrer sur son bas-ventre. Je lui souriais d’un air ingénu, lui astiquais les seins avec le jus que je récupérais entre ses fesses. Je lui donnais mes doigts à sucer, lui clignais de l’œil sans cesser de la branler jusqu’à l’os. Elle capitula. Elle ferma les yeux et se détendit à nouveau, serrant Telle une écolière entre ses dents pour affronter un nouvel orgasme avec le plus de discrétion possible. Puis elle s’emballa comme une locomotive. Je dus prendre garde qu’elle ne dégringolât pas de la table. Et lorsqu’elle perdit tout à fait les pédales, je la baisai. Soyons précis : je lui enfilai ma queue jusqu’à la garde et me tint coi, l’air de rien, tandis que je la finissais à la main.

 

Alors ? Vous avez deviné qui a écrit cette prose ? Ah ! Vous pensiez à autre chose ?

Philippe Djian, Vers chez les blancs, Gallimard, pp 93-96

vers chez les blancs

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Commentaires
L
Faut-il attirer n'importe quel badaud pour faire vivre un blog ? Misère, misère...
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N
Attention au risque de vouloir faire du chiffre, même si pour un auteur, c'est tentant.
Répondre
M
Superbe photo....<br /> <br /> Maintenant, je te propose de surveiller les mots-clés de ton blog.... ceux tapés sur les moteurs de recherche et ceux qui vont atterrir chez toi.... il risque d'y avoir beaucoup de recherche de "plan cul à....." tu nous diras !!!!!!!!!
Répondre
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