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24 novembre 2012

16 Maman ! (vous allez me détester)

Tout le monde a (eu) une mère. Il faut bien sortir de quelque part. C’est la vie qui veut ça. La plupart des gens sont babas devant leur maman et je les comprends. J’aurais tant aimé ressentir la même émotion. Ce n’est malheureusement pas le cas. Il n’y a rien de plus sécurisant dans la vie. Même les brutes épaisses crient maman !, quand elles ont peur. Et pourtant, vous voulez que je vous dise ? Je ne supporte plus (en fait je ne l’ai jamais supporté) les gens sur Facebook (ou ailleurs) qui gagatisent sur leur mère en dessinant leurs petits cœurs sur n’importe quoi et de toutes les façons, qu’est-ce que c’est con, je trouve. Ça m’exaspère. La plus belle, la seule, l’unique, la douce, la sainte, la dévouée, la seule qui sera toujours là quand ça ne va pas gna gna gna (et je suis tellement énervé que je ne trouve plus d’autres exemples…), et vas-y que je te bave dessus de gnangnanterie. Il ne manque que la putain.

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C’est comme si le père n’existait pas, déjà. Mais oui, et le père, hein ? Où céti qu’il est passé souila ? C'est-à-dire, si je comprends bien (vous me direz), dans ces cas-là, le père n’existe pas. Et pourquoi donc ? Parce qu’il a été proprement éliminé. É-li-mi-né je vous dis. Comme une certaine eau élimine les toxines, il y a un genre de femmes (chez les hétéros - chez les autres je ne sais pas) qui est spécialiste de cette élimination. J’ai nommé les « possessives ». Si vous avez le malheur d’en aimer une un seul jour, vous serez pour toujours sous sa coupe. J’entends bien, en réalité, si vous vous êtes sauvé, vous n’y êtes plus sous sa coupe (ou alors c’est très grave), mais elles s’imaginent que vous leur appartenez toujours. Prenons un exemple au hasard que je connais plutôt bien, le mien : nous nous sommes quittés il y a vingt, trente, cinquante ans, pourtant elles gardent toujours un œil vigilant sur moi, les possessives que je m’imaginais aimer. Elles se sont même alliées un jour pour me déconseiller de me remarier, comme si je leur appartenais (encore) ; elles n’ont jamais hésité à me relancer (chacune à leur tour), alors qu’elles savaient pertinement que j’avais formé un nouveau couple ; chaque fois qu’elles dénichaient une nouvelle adresse mail professionnelle ou un nouveau blog, elles m’ont écrit, rien ne leur échappe, directement, ou pire, par l’intermédiaire de leur fille (néo-possessive), qui, par la même occasion, est la mienne aussi (enfin, des fois, je me demande). Je n’en reviens toujours pas. J’ai encore du mal à y croire. Pauvre de moi. Etc. Au lendemain de la séparation de chacune d’elle, pourtant, je ne leur souhaitais pas autre chose que du bonheur dans une nouvelle et plus belle histoire d’amour. Point marre. Elles, par contre, continuèrent de penser que je ne pouvais aimer personne d’autre en dehors d’elles. Vous me direz que c’est parce que c’est moi qui les ai quittées. Ce n’est même pas vrai dans tous les cas.  

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Je sais, je suis fautif aussi, au moins d’être allé me fourrer dans la gueule de la possessive. Pas que dans la gueule ? Ok ! Justement, par un lien souterrain soudain c’est là que ma maman intervient ! Elle est exactement du même tonneau (ou l’inverse). Figurez-vous qu’elle a détesté toutes les femmes que j’ai aimées, l’une après l’autre, mais s’est alliée avec chacune d’elle une fois que je l’avais quittée. Vous trouvez ça normal ? Moi je ne trouve pas ça drôle, du tout.

Maman

J’ai mis longtemps à comprendre que ma mère est la cause d’une blessure que j’ai trimballé toute ma vie. Quoique je fisse, je me sentais coupable. Cette blessure ne s’est jamais cicatrisée jusqu’au jour où j’ai compris et laissé éclater ma colère. Il fallait que je me soulage. C’était la seule manière de me débarrasser une fois pour toute de cette angoisse qui m’obstruait la gorge chaque soir à la même heure. La journée, j’étais trop occupé à oublier. Ce jour-là, le jour où j’ai laissé exploser ma colère parce que j’avais tout compris, elle était déjà partie. N’en concluez surtout pas que je ne me sois pas occupé d’elle quand, à la fin de sa vie, elle a perdu son autonomie. Au contraire, j’ai fait tout ce que j’ai pu de tout ce que je devais faire.

Au début, je ne savais même pas que j’étais blessé, encore moins d’où provenait cette blessure. Et comme un taureau obtu, je fonçais toujours sur le même chiffon rouge, la femme possessive. Je sentais bien que quelque chose n’allait pas, même si je ne le comprenais pas. Je dois reconnaître que je suis légèrement obstiné. On a du mal à se refaire. Le mystère n’était pas évident à percer. On est toujours en partie (au moins) responsable de ce qui nous arrive. C’est pour cette raison qu’au bout d’un troisième essai qui se concrétisa comme les précédents par un échec retentissant, je décidai de vivre seul, au moins un temps, deux ans en fait, histoire de me trouver et d’en finir avec le malaise. Puis un jour, j’ai bien dû me rendre à l’évidence, je n’aimais pas ma propre mère, de la même manière qu’elle, elle m’aimait d’une drôle de façon. Une façon décourageante, je dirais. L’air de dire, ce pauvre garçon est incapable de se débrouiller seul dans la vie. Fais pas ci fais pas ça, toute façon t’y arriveras pas.

Pour en savoir plus : rendez-vous le 12 décembre 2012 – même endroit, à l’heure que vous voulez.

Deux romans, qui traitent du sujet (vous voyez, je ne suis pas le seul), m’ont beaucoup aidé dans mon adolescence. J’ai pu ainsi m’identifier à Brasse-Bouillon et trouver normal de ne pas aimer ma mère. Lui, la détestait au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. Il la détestait tellement qu’il m’a fait croire que je l’aimais finalement quand même un peu, la mienne de mère. Mort à Folcoche ! Il s’agit bien sûr de Vipère au poing et de la Mort du petit cheval d’Hervé Bazin. Ces deux romans ont eu un succès fou dans les années 50 et sont tombés dans l’oubli depuis. Je vais les laisser là où ils sont. Par contre je vais vous offrir un extrait d’un roman qui lui, n’est pas tombé dans l’oubli, puisqu’il n’en est jamais sorti.

Ce soir au moins, il est venu seul. Quand sa femme l’accompagne, je le vomis. J’ai trouvé un bon moyen de me débarrasser d’elle. Je deviens infernale dès qu’elle entre. Je fais signe à mon crétin de fils que je dois faire pipi. Il se lève immédiatement avec empressement. Ce couillon se laisse mener par le bout du nez par les femmes, à commencer par sa mère. Je m’accroche à lui, il me traîne jusqu’à la chaise percée, m’abaisse le pantalon, enlève ma culotte et défait la couche. Je suis sûre qu’il trouve cela normal, l’imbécile, parce que je l’ai langé avant et que son tour est venu maintenant. Il oublie qu’il l’a fait pour sa fille aussi. Ce que les hommes peuvent être bêtes. Quand il abaisse ma culotte, je plante mon regard dans les yeux de sa femme qui détourne aussitôt la tête. Elle ne le supporte pas. Mon fils m’appartient quand même. Elle ne va pas réussir à me l’arracher. (…) Le plus drôle quand il me fait faire pipi devant sa femme, c’est quand j’arrive à faire la grosse commission en sa présence, cela me réjouit à un point ! Quand Jacques me tend le papier-toilette en détournant la tête, je m’essuie en pouffant.

Pierre Ferin, Madeleine n’aimera pas ça !, manuscrit.com (2001)

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 PS :  mon ami s'est planté, à propos de la rubrique cul qui devait soi-disant booster les visites sur mon site. Suis très déçu, il n'y a pas eu de raz de marée, juste une marée montante lente comme chaque semaine. Il y a quand même eu un résultat significatif : les spams cul-turel depuis n'arrêtent pas ! 

 

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Commentaires
M
Mais non, mais non, on ne te détestera pas !! <br /> <br /> Dans la même veine, " Mère mortifère, Mère meurtrière, Mère mortifiée " d'un collectif psy dont Soulé est une saine lecture pour les Brasse-Bouillon !!<br /> <br /> Déçue si tu n'as pas vu arriver les âmes en peine et en recherche de plan cul.... ;-)
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