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13 novembre 2014

108 Modiano, c'est flou !

Je n’avais jamais lu Modiano. Je n’avais jamais eu l’idée de le lire. Comme l’idée ne m’était pas venue, l’envie non plus. C’est le hasard de ma main qui a renversé un Modiano en folio dans le magasin où j’achète mon journal qui en est la cause. Pour moi, rien que de très normal de ne l’avoir encore jamais lu. Modiano est le contraire de ce que je recherche en conscience. Même si je ne le savais pas, je devais le pressentir. Modiano, c’est flou alors que je recherche la vérité éclatante. Ce qui ne signifie pas qu’elle est vraie. Elle peut être apparente mais c’est cette version qui attire l’attention à un moment donné, puis l’eau coule sous les ponts, ceux de Paris pour Modiano.

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Pour Modiano le passé est présent et le présent passé. Tout se confond, tout est flou, dans des semi-vérités, des faux semblant, ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. Du moins en ce qui concerne les personnages et leurs sentiments car ce qui concerne les bâtiments, les rues, l’urbanisme en général, tout est scrupuleusement noté, dans un cahier noir, opportunément retrouvé. Bon !, je n’ai pas été jusqu’à vérifier non plus.

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Modiano course les fantômes de sa nostalgie. Nostalgie de cette jeunesse enfouie dans le brouillard du vrai-faux souvenir. Tout a changé depuis. Les rues ne sont plus les mêmes. Les bistrots ont disparus. Les immeubles ont été détruits. Mais la rue d’avant se confond avec celle de maintenant, il n’y a plus de présent. C’est très troublant et même envoûtant. Est-ce que les sentiments et les sensations jadis éprouvés ont changé en même temps que les bâtiments et les rues ? C’est flou.

Après tout je l'attendais souvent la nuit, sans jamais être sûr qu'elle viendrait. Ou alors, elle le faisait à l'improviste, vers quatre heures du matin. Je m'étais endormi d'un sommeil léger, et le bruit de la clé qui tournait dans la serrure me réveillait en sursaut. Les soirées étaient longues quand je restais dans le quartier à l'attendre, mais cela me semblait naturel. Je plaignais ceux qui devaient inscrire sur leur agendas de multiples rendez-vous, dont certains deux mois à l'avance. Tout était réglé pour eux et ils n'attendraient jamais personne. Ils ne sauraient jamais que le temps palpite, se dilate, puis redevient étale, et peu à peu vous donne cette sensation de vacances et d'infini que d'autres cherchent dans la drogue, mais que moi je trouvais tout simplement dans l'attente.

Patrick Modiano, L'herbe des nuits, folio

(Ah ! l'attente !)

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