Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lire sa vie
lire sa vie
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 36 370
7 décembre 2014

111 Guimauve glauque

 

Le monde est divisé en deux : celui des simples gens comme vous et moi et celui des stars planétaires.

Scarlettb_Johansson

Les gens simples sont pris pour ce qu’ils sont, d’honnêtes travailleurs ayant beaucoup souffert dans leur jeunesse, en général. Les stars sont adulées pour ce qu’elles ne sont pas, des êtres extraordinaires. Il paraît que la beauté foudroyante d’une femme n’est pas un cadeau pour celle qui la possède, mais la laideur est-elle un cadeau du ciel ! La beauté d’une femme s’offre à la concupiscence des hommes qui rêvent de la posséder. Certains d’entre eux se démènent comme les malades qu'ils sont pour se la faire. Ils cherchent à posséder l’enveloppe peu leur importe le contenu. La plupart s’y brûlent les ailes comme le papillon sur l’ampoule.

Scarlett-Johansson-scarlett-johansson-8836761-1600-1200

Le monde des gens simples est divisé en deux parts inégales : la plupart ne savent pas aimer, la portion congrue est capable d’aimer et de poésie. Pour aimer, encore faut-il être capable d’aimer une personne pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle apparaît. La poésie est funambule entre le grotesque, l’illusoire et la beauté, cela dépend de qui la lit.

Ici, j’hésite, entre ma grosse moitié naïve sensible à la poésie même guimauve et mon autre grosse moitié hyper réaliste glauque. Je n’aime pas hésiter quand je lis un roman, j’aime être mené par le bout du nez. Il paraît que Grégoire Delacourt est un publicitaire quand il n’écrit pas de roman. Je reconnais deux choses aux bons publicitaires, leur superficialité et leur sens de l’idée qui fait mouche. Comme celle de ce gars-là qui s’épanchait sur les ondes jadis en racontant que le type qui n’a pas de Rolex à son poignet à cinquante ans a raté sa vie. Elle est bien bonne. Combien de millions de gens, rien qu’en France, ont raté leur vie ?

Scarlett-Johansson-06

  

Arthur Dreyfuss, notre héros du jour, celui du roman de Grégoire Delacourt, serait capable de réussir sa vie sans Rolex à son poignet, juste par amour pour une Scarlett Johansson qui n’en est pas une (elle n’est qu’une Jeanine Foucamprez), s’il n’y avait le poids de leur enfance désastreuse à tous les deux.

Arthur Dreyfuss posa délicatement sa main sur l’épaule de sa mère, comme un petit piaf. Elle ne bougea pas davantage. Il était terriblement ému ; il s’en voulu alors de n’être pas venu la voir plus tôt, d’avoir sans cesse reporté cette visite à cause d’une vidange, d’un contrôle technique, d’une bougie crasseuse sur une Motobécane ; à cause de ce qu’on fait toujours passer ceux qu’on aime en dernier ; il mesura soudain la vanité des choses et, face à sa mère qui voguait maintenant en des lieux éthérés, dangereux, il se savait mauvais fils et sa honte, comme une dague, transperça son cœur.

Grégoire Delacourt, La première chose qu’on regarde, Le livre de Poche

La-premiere-chose-que-l-on-regarde

Publicité
Commentaires
lire sa vie
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité