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20 décembre 2017

212 Cicatrices

 

Ça commence en Islande. Sacré pays. Avec des volcans qui peuvent empêcher les avions européens de voler. Un pays glacial avec des geysers brûlants.

ISBC0955

Mais pour moi, le voyage dans l’étrange commence avec les noms propres. Impossible à lire et à prononcer. Je ne peux même pas les transcrire car je n’ai pas le clavier adéquat. Il y a des lettres bizarres à mes yeux latins, même habitués au grec, transpercées de traits ou surmontées d’accents inédits. Ce n’est pas un alphabet complètement différent comme l’arabe ou l’hébreu, ou un système à la japonaise ou chinoise, c’est quand même l’alphabet latin avec des extensions particulières. Tout cela est bien sûr fascinant mais n’a rien de commun avec ce roman, d’ailleurs j’arrête car je m’égare. Et puis quelle importance. J’ai déjà perdu le nom du narrateur. Je l’appellerai donc « je ». « Je » a la cinquantaine. « Je » a l’intention de se suicider en raison de la vacuité de sa vie. Il ne veut pas le faire au pays. Il part donc en voyage sur terre avant de s’envoyer dans les airs. Il a même emprunté le fusil de son voisin mais ne l’a pas emporté dans ses bagages. Il choisit un pays où la guerre a fait rage et vient de finir. Tout est détruit, il y a des mines partout. « Je » se met à réparer en même temps qu’il se répare lui-même. C’est une métamorphose. Ör, le titre, signifie cicatrices. C’est le roman d’une écrivaine.

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Le plus court chemin pour rejoindre la maison de retraite passe par le cimetière. Je me suis toujours dit que le cinquième mois de l’année serait le dernier mois de ma vie et que le chiffre cinq figurerait même plus d’une fois dans la date ultime, sinon le 05/05, alors le 15/05, ou encore le 25/05. Ce sera le mois de mon anniversaire. Les canards, qui auront fini de s’accoupler, ne seront pas seuls sur l’étang, il y aura aussi des huîtriers pie et des bécasseaux violets. On entendra des chants d’oiseaux et le monde sera printanier et sans nuit lorsque je cesserai d’exister. Est-ce que je manquerai au monde ? Non. Sera-t-il pire sans moi ? Non plus. Continuera-t-il de tourner sans moi ? Oui. Est-il meilleur maintenant que lorsque j’y ai fait mon entrée ? Non. Qu’ai-je fait pour améliorer le monde ? Rien.

Audur Ava Olafsdottir (sans les traits et les accents), Ör, Zulma, traduit de l’islandais par Catherine Eyjolfsson (sans l’accent)

or03-l-572155

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