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25 avril 2020

276 Le Djihadiste !

Il fallait (peut-être) le faire et il l’a fait. Qui d’autre que lui aurait pu l’écrire, ce roman selon le point de vue du tueur islamiste qui en est le narrateur, participant aux attentats du Bataclan, Stade de France et dans le métro de Bruxelles. Il fallait bien le talent et l’expérience de Mohamed Moulessehoul pour tenter cette audacieuse fiction insérée dans la plus horrible réalité. Il a osé et mieux encore, il a réussi, comme tout ce qu’il écrit depuis ses premiers romans policiers sur la décennie noire algérienne. La dérive idéologique du meurtrier devient compréhensible (ce qui n’excuse rien). De son insertion ratée dans la vie sociale de Molenbeek (Belgique) au milieu de ses amis et copains d’enfance, Arabes ou non, musulmans, chrétiens ou athées, et ses relations difficiles avec sa propre famille, mais aussi la belle relation avec sa soeur jumelle, l’auteur ne s’épargne rien de ces descriptions. Il s’oblige aussi à narrer la « participation » de son jihadiste aux attentats de Paris. Le tueur évolue au milieu de ses frères qu’il adule et qui le protègent tandis que ses amis d’enfance et parents le rejettent dès que naissent les doutes sur ce qu’il pense et ce qu’il est : un meurtrier par idéologie. Un roman très court en coup de poing.

 

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Tu es en train de regarder un film de guerre en grignotant du pop-corn avec tes copains au fond d’une salle de projection quand tu entends : « Pour qui meurent ces pauvres bougres de trouffions ? Pour des multinationales ? Qu’auront-elles à leur offrir ? Une minute de silence, une médaille, une stèle que les pigeons couvriront de leurs fientes ? » Tu ne fais pas attention à ces propos et tu replonges la main dans ton pop-corn en haussant les épaules. Mais les propos s’incrustent par une porte dérobée de ton cerveau. Tu es loin de te douter que tu viens d’héberger en toi de terribles agents dormants. Comme beaucoup d’autres interceptés çà et là. Jusqu’au jour où, en suivant un reportage sur le djihad, tu entends : « Les mercenaires meurent pour leurs commanditaires. Les soldats pour des intérêts qui ne leur apportent rien. Les gangsters pour des prunes…Mais le chahid, lui, il ne meurt jamais ; il se prélasse dans le jardin du Seigneur, entouré de houris et d’arcs-en-ciel éblouissants. » Au début, ça te passe par-dessus la tête. Tu estimes que tu as d’autres chats à fouetter plutôt que prêter l’oreille à ces affabulations. Puis un soir, un voisin, un copain ou quelqu’un que tu connais à peine se met à te vanter les prêches de l’imam du coin. Tu l’écoutes pour ne pas le froisser car tu n’en a rien à cirer de la bonne parole. Mais le frère revient à la charge chaque fois qu’il te croise sur son chemin.

Yasmina Khadra, Khalil, Pocket.   

 

Khalil

www.pierreferin-ecrivain.fr

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