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6 mai 2014

88 Ida et le bon dieu (ou vice versa)

Je ne sais pas ce qui m’a pris de me lancer dans ce (mini) défi farfelu ! Peut-on parler de défi d’ailleurs ? N’est-ce pas une idée incongrue d’associer la farce au drame ? N’est-il pas absurde de comparer une idée, savoir la tolérance, avec l’absolu de la spiritualité ? Je ne sais pas si vous me suivez ? Au moment de lâcher ces quelques mots dans la nature, je me le demande encore.

 

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On peut rire de tout, et donc aussi de l’intolérance et du racisme, mais pas avec n’importe qui, comme quelqu’un l’a déjà dit, c’est pourquoi je ne le répète pas. Je me suis pointé un mercredi après-midi à 14 h (c’est moins cher) dans un multiplexe pour voir un film qui connaît un succès foudroyant en ce moment. Je voulais rire en grande compagnie, voyez-vous, jusqu’à la caricature ou à partir de la caricature. Je voulais m’éclater la rate, en ces temps d'austérité programmée. Dans ce film donc, tout le monde est raciste et intolérant, y compris les victimes du racisme et de l’intolérance, c'est-à-dire les Juifs, les Arabes, les Chinois et les Noirs, tous bons Français pourtant, la preuve, ils chantent même la Marseillaise, oui madame, oui monsieur. L’histoire est tellement ignoblement et bêtement, c'est-à-dire caricaturalement, raciste, qu’on finit par se dire que c’est très con d’être intolérant et raciste, est-ce le but recherché ? C'est en tout cas ce que semble comprendre les protagonistes vers la fin, poussés dans le dos par leurs femmes moins touchées par ce fléau, du moins dans le film. Voilà pour le procédé. Comme qui dirait on apprend en se marrant, c’est-y pas formidable ? Et ça finit en tout le monde il est gentil après avoir commencé en tout le monde il est bête, méchant, raciste et intolérant. De la pure caricature je vous dis. Et pourtant, j’ai beaucoup ri, je le dis sans fausse honte.

 Ici, une alternative s’impose à moi, quand je constate le succès de ce film : soit la majorité des gens qui peuplent la France sont contre le racisme et pour la tolérance, au point d’aimer en rire, soit il n’y a que les gens enclins à ces bons sentiments qui sont attirés par ce film. Je penche sérieusement pour le deuxième terme de l’alternative.

 

ida

(oups ! elle est voilée)

Deux jours plus tard, en mon petit village catalan, très éloigné du multiplexe (également catalan), je trouve à l’affiche de notre petite salle de spectacle (avec projecteur numérique quand même), le film polonais Ida, que je ne puis manquer, puisque je fais partie du maigre public local qui règle cinq euros et cinquante centimes pour profiter des films art et essais. Il n’est pas question ici de foule, quinze spectateurs en tout et pour tout qui pénètrent ensemble dans le monde de l’image épurée et magnifique, en noir et blanc, mais surtout en gris comme la Pologne d’après la guerre. Il s’agit encore là de racisme (sous forme d’antisémitisme) et du désenchantement. Le scénario est d’une violence extrême, contenue dans ce ton gris qui absorbe toutes les aspérités, grisaille les paysages et la vie quotidienne. Tellement âpre, dur, sans espoir, qu’Ida, après avoir tout encaissé, revient de tout, et retrouve son austère couvent, comme un refuge ? 

D’un côté, le bruit, les jacassements et la fureur destructrice du racisme et de l’intolérance, de l’autre le silence, la retenue, l’humilité, l’éloignement de ce monde fou furieux. Je me demande si je ne préfère pas cela. Je vais y réfléchir sérieusement.

 

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