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2 novembre 2014

106 Wander-Artist !

 

En regardant la couverture du livre, je n’ai pas vraiment fait attention à l’œuvre qui y figurait. Elle semble d’une banalité extrême, on dirait un dessin d’enfant. Puis, un peu intrigué quand même, en lisant le roman, j'ai cherché l’auteur de cette œuvre simpliste, soi-disant ! J'ai alors constaté que le tableau est de Paul Klee, daté de 1940. Paul Klee ! Tiens donc ! Je regarde avec plus d’intensité. Et voici que le dessin pénètre en moi. Tel que je le perçois, il est sensé représenter un bonhomme qui passe, le poing en l’air. Il est figé mais on voit parfaitement qu’il passe. Pour l’auteur (du roman), en passant, le bonhomme prend un air moqueur. Le dessin est réduit à sa plus simple expression, un trait figure le corps, surmonté d’un rond pour la tête, deux traits pour les jambes et pareil pour les bras. C’est tout. Mais cette plus simple expression vous embobine et voilà. Un bonhomme qui passe en levant le bras l'air moqueur, je ne fais que passer, semble-t-il exprimer, et toi aussi, qui me regardes, mon vieux, tu ne fais que passer. Alors, souris ! (en regardant l'oeuvre sur l'ultime photo du post).

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(je ne fais que passer)

L’écrivain se parre d'un air moqueur comme celui qu’il perçoit dans son wander-artist. Il peut. Il se balade hors des sentiers battus. Il écrit ce qu’il a envie d’écrire. Il ne se conforme pas comme les auteurs des romans à la mode (anglo-saxonne) d’aujourd’hui qui sont basés sur une enquête historique, scientifique, musicale, autre, etc.. C’est un concept. On peut aimer, j’en ai aimé. C’est ce qui est enseigné dans les masters-class, paraît-il. J’aurais bien voulu m’en faire une, mais je n’ai pas la monnaie. Alors, j’ai eu envie de prendre ce chemin de traverse. Au début, je ne comprenais rien des paysages que je traversais, mais je persévérais. Puis, le décor a pris forme, les chaînons se sont rattachés, et je fus de plus en plus touché par ce roman.

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-J’avais toujours imaginé, dit Westfield, que l’on pouvait mourir tragiquement, sa vie interrompue alors que tant de choses restent à faire, ou mourir âgé et rassasié de jours, comme le dit la Bible, après avoir mis sa maison en ordre. Je n’avais pas pris en compte qu’il existait une troisième possibilité, dans laquelle on continuait à vivre sans pourtant trouver d’ordre dans sa vie, dans laquelle, à la fin, tout était aussi embrouillé et inachevé que cela l’avait toujours été.

-Le problème avec toi, dit Ballantyne, est que tu as toujours eu soif d’histoires. La vie tragiquement interrompue est une histoire, et la vie achevée avec satisfaction est une histoire, tout comme l’est la vie de l’insomniaque qui s’endort en étant bercé par une douce musique. Tu n’as jamais accepté de faire face au fait que la vie n’est pas une histoire, que poètes, romanciers et dramaturges nous mentent depuis l’aube de la création et qu’ils flattent nos peurs et nos désirs.

Gabriel Josipovici, Goldberg : Variations, traduit de l’anglais par Bernard Hoepffner, Quidam éditeur.

9782915018790

 

 

 

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