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21 mars 2015

125 Pour le nom

 

C’est bien la première fois que j’achète un roman à cause du nom de son auteur. C’est un peu stupide non ? Finalement je me dis que ce n’est pas plus con que de lire un livre parce que les médias en disent du bien ou parce qu’il a gagné un prix ou parce qu’il s’est énormément vendu, plutôt que de le lire parce que le thème m’intéresse.

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(Nour, un des protagonistes du roman)

C’est un fait indéniable, le patronyme de l’auteur a attiré mon attention. Un type qui s’appelle untel mais qu’on appelle autrement, c’est quand même étrange non ? J’en ai conclu que ce type devait être quelqu’un à part et que donc il me semblait intéressant de lire son roman. C’est tout à fait inintéressant ce que j’écris mais c’est la plus stricte vérité. J’ai toujours eu la faiblesse de croire que toute vérité est bonne à dire, ce qui est évidement faux.

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(L'astre d'Orient - Oum Kalsoum - César le journaliste l'écoute dans la dernière partie)

En fait, l’auteur n’est pas un type bizarre, du tout, sauf à penser que les journalistes sont une espèce à part. De son métier, directeur adjoint du Point, émissions sur Canal +, BFMTV et France Culture  (que j’écoute dans ma voiture), dans son roman que je lis, il en use et en abuse, au Point (pardon sans majuscule) qu’il m’en énerve. Et quand je suis énervé, je ne lis pas avec passion. Il connaît les artistes des meilleures galeries et les cite dans son roman (j’ai vérifié les noms sur Google – j’avais peur qu’il me mène en bateau – mais du coup, cela signifie aussi que je ne les connais pas, autant pour moi), tous les beaux hôtels dans les plus beaux endroits. C'est-à-dire quatre étoiles. Évidement ! Pourquoi parlerait-il des deux étoiles sur le bord de la route que tout le monde ou presque fréquente ? Pour celui d’Arles dont il parle, j’ai fait preuve de plouquerie primaire en allant jeter un œil sur le site pour vérifier s’il existait. J’en ai profité pour reluquer les photos des chambres et suites, en particulier celle ou une belle femme entièrement nue est assise sur le lit, un verre de vin blanc posé à côté d’elle, avec cette légende qui dit en substance « on vous laisse le soin d’imaginer la suite »…oui c’est un hôtel. Cet homme, César, le journaliste héros que j’identifie à l’auteur, se promène partout comme s’il n’avait rien d’autre à faire, mais ce qui le sauve (enfin jusqu’à un certain Point), c’est son histoire d’amour avec Paz, une Asturienne des Asturies. Celle-là, je parle de l’histoire d’amour, je le partage, je m’y projette, je m’en délecte tant elle me sonne vrai. Je l’aurais vécue moi-même avec infiniment de joie même si je ne sais pas encore, au moment où je commence ces lignes, comment cette histoire d’amour se termine, quoique l’auteur laisse deviner qu’elle se termine mal. Comme toutes les vraies histoires d’amour ?

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(d'après l'oeuvre d'Abu Nuwas, poête arabo-persan sulfureux, nom du village ù se passe la dernière partie)

 En lisant le roman, je suis écartelé entre le savoir faire d’écrivain qui écrit bien et juste la passion - il doit l’avoir vécue ce n’est pas possible autrement -, et le mondain qui me fatigue en fréquentant tous les temples de la mondanité, hôtels quatre étoiles, sites mondains, expositions d’artistes où le gratin s’égratigne, dîner entre amis mondains de mondanités. Il me répondra que c’est son boulot. Mouais ! Je préfère de loin Paz qui exècre la mondanité, elle la fuit, cela l’insupporte, elle est un bloc de naturel, je l’aime et je la comprends et me dis soudainement, mais le voilà le sens du roman, cette femme reconnue comme grande artiste et au faîte de sa gloire, rêve de tout autres chose, et le met en pratique. J’entame la dernière partie (la IV).

Au son des lamentations passionnelles d’Oum Kalsoum, notre journaliste héros est entraîné à Dubaï, aïe, lui qui a décidé, malgré ou à cause de sa profession (il en a trop vu), de ne plus voyager en dehors de l’Europe. Il trouve un quatre étoile (un resort) dans un bled qui s'appelle Abu Nuwas! Il en a marre des attentats, des enlèvements, des guerres saintes ou pas, il ne sait pas encore que l’Europe aussi va être rattrapée. C’est une guerre mondiale, mon vieux.

Vous le saviez, vous, qu’on pouvait caresser le museau des requins ?

-Et ce tatouage, alors ?

-Tu n'as jamais rien compris. C'est sur mes fesses, et tu sais pourquoi ? Parce que je m'assois dessu, tu vois! Je vais te dire : le passé m'étouffe. Cet enfant que tu as vu et que j'ai pris en photo, et bien oui, il me plaît. Il exprime une force, il exprime une violence. Et toi, tu me parles de Donatello...Tu m'empêches de ressentir, César. Tu m'entres déjà dans le crâne que cette statue n'est qu'une resucée du passé. Et tu me prouves une fois de plus que l'Europe ne produit plus rien de neuf...

Elle a marqué une pause avantb de prononcer une phrase d'une stupidité qui m'a mis hors de moi. "Heureusement qu'il y a les terroristes"...

-Qu'est-ce que tu racontes ?

-Tu as très bien entendu. Heureusement qu'il y a les terroristes.

-Je préfère ne pas entendre ça.

Ses yeux noirs m'ont foudroyés.

-Non seulement tu vas m'entendre, mais tu vas comprendre ce que je dis. Ils mettent de la peur dans ce monde de coton et le réveillent un peu.

Christophe Ono-dit-Biot, Plonger, folio

C_Plonger_7263

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