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31 mars 2016

160 Araberbère

 J’ai reçu il y a peu d’Algérie un livre publié aux éditions Casbah, un éditeur algérien qui annonce : « Soucieuses de relayer les mouvements d’idées véhiculant les valeurs de modernité et d’émancipation de l’homme, accordant la priorité la plus résolue à la promotion du savoir et de la connaissance, les équipes éditoriales accueillent les textes d’auteurs algériens mais également, par le biais d’acquisitions de droits de publication pour l’Algérie, des œuvres étrangères suivant des choix thématiques rigoureux ». Beau programme.

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Le roman que j’ai reçu se passe en Algérie française dans les années 1920-30, dans le milieu de la boxe. Sans en avoir l’air, l’auteur bien connu, décrit l’ambiance de la colonisation caractérisée par une séparation de fait entre Indigènes et Français selon une ligne de démarcation implacable mais néanmoins fluctuante. La fluctuation réside dans le niveau plus ou moins élevé de racisme allant de soi (la supériorité de la civilisation importée) qui anime les colons français. Heureuse surprise, il y en a pourtant qui sont au degré zéro (de racisme). Le héros narrateur de ce drame se fait appeler Turambau et ce nom qu’il s’est choisi est en lui-même une histoire à la Fellag. Turambau est un araberbère, comme l’écrit l’auteur, boxeur de talent et travailleur enragé à l’entraînement, qui ne rêve pourtant que d’une vie d’amour, contrariée par son entourage et son origine. Je dédie cette splendide évocation non manichéiste de l’Algérie française à tous les pieds noirs et leurs descendants qui vivent dans le déni de notre colonisation antirépublicaine et s’y complaisent.

(les photos : Collioure et Port-Vendres où je lis ce roman...)

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Le rêve est le tuteur du pauvre, et son pourfendeur. Il nous tient par la main puis il nous tient dans la sienne pour nous larguer quand il veut après nous avoir baladés à sa guise à travers mille promesses. C’est un gros malin, le rêve, un fin psychologue : il sait nous prendre à nos propres sentiments comme on prend au mot un fieffé menteur ; losque nous lui confions notre cœur et notre esprit, il nous fausse compagnie au beau milieu d’une déroute, et nous nous retrouvons avec du vent dans la tête et un trou dans la poitrine – il ne nous reste plus que les yeux pour pleurer. Que dire de mon rêve à moi ? Il était attachant comme tous les rêves. Il berçait mon âme avec une tendresse telle que je l’aurais préféré à ma mère les yeux fermés. Et c’est vrai qu’ils étaient fermés, mes yeux, puisque je ne voyais que par lui.

Yasmina Khadra, Les anges meurent de nos blessures, Casbah éditions. 

casbah editions

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