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8 mai 2016

164 Le plaisir à l'état pur

Faire rouler les mots du livre dans sa bouche, les mâcher, les déguster, les siroter, les sucer, tout ce que vous voulez, procure du pur plaisir. Du premier jusqu’au dernier, je vous jure, et il y a profusion jaillie d’une corne d’abondance d’Afrique, genre délire organisé.  Il est question d’une anonyme humanité en déroute dont les représentants sont qualifiés par des surnoms : Verre Cassé, l’Imprimeur, Robinette, Pampers, Holden, l’Escargot entêté, etc. Cette humanité est planifiée par l’auteur pour décrire le paysage local mais aussi pour le plaisir des sens et du sens qui surgit de ce chaos qui n’en est pas un. Sourd de ce désordre apparent, un désespoir noble, une dignité farouche et truculente. Cette exubérance comique et tragique à la fois me laisse coi. J’y suis, j’y reste (coi).

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y a quelques jours, quand j’ai quitté « Le Crédit a voyagé » avec la résolution de souffler un peu, de ne pas écrire, de ne pas relire ce cahier pendant un bon moment, je suis allé errer vers le quartier Rex, à l’ombre des jeunes filles en fleurs comme les aimait le type aux Pampers du temps où il n’était pas encore une loque qui suinte du fessier, donc je voulais me faire plaisir pour une fois depuis des années bissextiles, sans doute me disais-je que prendre mon pied avec ces filles me décongèlerait un tout petit peu, et il n’y a eu aucune jeune fille en fleurs qui a voulu de moi, il n’y a eu aucune jeune fille en fleurs qui a voulu que je tire un petit coup vite fait, un petit coup de rien du tout, elles m’ont toutes dit « tu es trop vieux, tu peux plus bander, tu vas me faire perdre mon temps, va te faire voir ailleurs, va regarder les films de cul, va dans une maison de retraite, tu es un bateau ivre, tu pues, tu parles seul dans la rue, tu te rases pas, tu prends pas de douche, tu tiens pas debout », et moi j’ai répondu « je m’en fous », pourtant à soixante-quatre ans je peux au moins bander comme un étalon jadis glorieux mais désormais retiré des courses du PMU pour cause de vieillesse  

Alain Mabanckou, Verre Cassé, points

 

verre cassé

 

 

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Commentaires
V
un auteur que je veux lire depuis belle lurette! Tu confirmes, tant mieux!
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U
Je n'ai jamais lu Alain Mabanckou, mais l'extrait que vous proposez et votre chronique donne envie de le découvrir. Merci :)
Répondre
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