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2 juillet 2016

169 Baiser de loup !

Baiser de loup, baciagalupo, ça se dit en italien, « j’en ai vu des loups, j’ai vu comment ils tuent, aussi, dit le vieil homme des bois à Danny. Je vais te dire à quoi ça ressemble, moi, les baisers du loup. Le loup égorge sa proie. »

 

 

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(loup paisible)

Une vie, c’est quoi ? Des parents en principe et d'abord, puis soi, plus tard une compagne ou un compagnon (ou plusieurs), des enfants éventuellement, beaucoup de gens autour, plus ou moins de sang et de larmes, des rires aussi, et tout ça tient en un roman. La vie est un roman de 500 pages ou plus (680 ici), c’est tout, c’est rien, c’est énorme, c’est incroyable. La vie de Dominic Baciagalupo (baiser de loup), cuisinier de son état, et de son fils Danny, depuis ses douze ans, commence dans l’Amérique profonde à Twisted River (New Hampshire), parmi celle des hommes qui charrient les grumes sur la rivière, puis à Boston dans le quartier des fils d’immigrés italiens, enfin à Toronto. Un « péché » originel oblige le père et son fils à fuir de la campagne à la ville, puis de la ville à la campagne, jusqu’au bout de leur destin, à Toronto, poursuivis par un flic cow-boy fêlé qui veut les tuer.

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(poêle à frire dont le destin dans le roman fut de confondre de dos et dans l'obscurité une indienne plantureuse avec un gros ours)   

Où l’on voit que les enfants en général reproduisent le destin des parents et ainsi de suite. Des personnages incroyables accompagnent le père et le fils, devenu écrivain à succès. Un certain Ketchum. Il se pourrait bien qu’il soit le personnage central du roman, un sang-mêlé, un fou furieux qui a tout compris de la vie et qui connaît tout de Danny. Et puis il y a la magie de cette retrouvaille (amoureuse) entre l’écrivain devenu vieux et une ancienne, très ancienne connaissance fortuite. C’est tellement beau que je l’espérais depuis cette rencontre. Encore une manière inconsciente de me projeter. Mon début de lecture a été un peu laborieux mais s'est avéré de plus en plus passionné au fil des pages.

-Pourquoi est-ce que vous êtes toujours armé, monsieur Ketchum ? lui demanda Carmella. La question le prit de court, car de fait, il n’était pas armé en cette nuit à présent si lointaine où ils étaient partis faire des do-si-do sur la glace, lui, le cuisinier et sa cousine. Là, dans son camion qui puait l’ours, la silhouette de Rosie dut surgir devant ses yeux fous. Sa barbe farouche se mouilla de larmes, de nouveau.

-J’ai…commis des erreurs, commença-t-il d’une voix étouffée, étranglée. Pas seulement des erreurs de jugement, des manquements à ma parole, j’ai failli.

-Rien ne t’oblige à raconter cette histoire, Ketchum. Mais le bûcheron était lancé.

-Un couple qui s’aime, ça se dit des choses, tu sais bien Danny, pour se réconforter dans une situation qui n’a rien de confortable, et où ils devraient pas rechercher le confort. Un couple qui s’aime, il se fabrique des lois, comme si elles étaient aussi fiables et aussi respectables que celles du reste du monde, tu comprends ce que je veux dire ?

-Pas vraiment, répondit Danny.

Il voyait que l’ancien chemin de charriage menant à Twisted River avait été inondé des années auparavant. La route pierreuse était donc recouverte de lichen et de mousse des marais. Seule demeurait la branche de gauche, celle qui menait à la cantine, et Ketchum s’y engagea.

-C’est de la main gauche que je touchais ta mère, Danny, parce que la droite, j’avais touché bien des femmes avec, et j’en ai touché bien d’autres depuis.

-Arrêtez ! s’écria Carmella. (Au moins ça changeait de « Doux Jésus » ; mais Danny vit bien que rien n’arrêterait plus Ketchum.)

John Irving, Dernière nuit à Twisted River, traduit de l’anglais (USA) par Josée Kamoun, points

Dernière nuit à Twisted River par Irving

 

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