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6 mars 2017

185 La vraie vie !

Selon L., l’amie d’une romancière connue en panne d’inspiration dans le roman qui vient, notre époque attend des romanciers qu’ils racontent la vraie vie plutôt que des fictions. C’est beaucoup plus fort et intéresse davantage les lecteurs d’après elle. J’ai ressenti aussitôt que j’étais en accord avec cette L., me souvenant opportunément de ma propre tentative de raconter la vraie vie aventureuse, la mienne. Mais mon manuscrit n’a pas eu le succès escompté auprès des éditeurs, pour le dire simplement, ils s’en sont et Dalida comme de leur première culotte à bretelle. Je l’ai donc publié par souscription.

ZDLafemmefloue

Les quelques retours que j’ai eu ont été plutôt positifs sauf un. Parmi les protagonistes de mon histoire, un seul m’a écrit plusieurs commentaires franchement malfaisants. Le genre de truc qu’on écrit par vengeance ou ressentiment pour tenter de déstabiliser, culpabiliser ou faire tout simplement du mal, rendre le mal qu’on pense avoir soi-même subi. Nous sommes ainsi dans le vif du sujet du roman que je lis. Une romancière a connu le succès en racontant des épisodes douloureux de sa propre vie. Depuis, elle reçoit des lettres anonymes vénéneuses et menaçantes qui proviennent toujours de la même personne. Celle-ci se présente comme quelqu’un de la famille. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement, voyez-vous, dans la déplaisante façon que j’ai de tout ramener à moi. Sournoisement, ces missives mystérieuses coupent l’envie de continuer d’écrire sur les faits réels pour ce qui concerne notre écrivaine reconnue dans le roman que je viens de lire. Pour tout dire elle déprime et son amie L. semble nourrir cette déprime, jouant un rôle trouble auprès d’elle. Notre héroïne romancière pense alors entreprendre un roman de fiction pour retrouver sa capacité créative qu’elle sent l’abandonner. Mais difficile de s’y mettre. Elle semble au bout du rouleau d’autant que ses deux enfants chéris devenus grands sont partis vivre chacun leur vie comme on dit. Alors, pour s’en sortir, elle conçoit une idée de roman plutôt machiavélique. 

L. m'était devenue nécessaire, indispensable. Elle était là. Et peut-être avais-je besoin de cela : que quelqu'un s'intéresse à moi de manière exclusive. N'abritons-nous pas tous ce désir fou ? Un désir venu de l'enfance auquel nous avons dû, parfois trop vite, renoncer. Un désir que nous savons, à l'âge adulte, qu'il est égocentrique, excessif et dangereux. Auquel, pourtant, il nous arrive de céder.

Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, le livre de poche.

d'après une histoire vraie

 

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Commentaires
D
J'aime beaucoup ce billet. Ce n'est qu'à la fin de cette lecture que j'ai vu de quel roman il s'agissait. C'est bien je trouve de ne le savoir qu'à la fin.<br /> <br /> J'aime bien la façon dont vous mêlez vos lectures à votre propre histoire. Une illustration de l'intérêt que l'on porte à l'autobiographie.
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