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2 juin 2017

192 Est-ce que je crois ? (1)

Lors de mon dernier passage en ma librairie préférée, ma main faussement innocente s’est emparé, alors que mon regard s’imaginait en train de s’occuper ailleurs, d’un roman sur et autour de la religion. La religion ! À un moment donné de sa vie, durant trois ans, l’auteur dont j’ai saisi le livre, s’est entiché de la religion et a eu la naïveté, la lâcheté, la vanité de penser que ce qui nous arrive a un sens. Allons-donc. À trente ans passés si j’ai bien calculé. Moi tout au contraire, puisqu’il faut bien en parler, puisque c’est de cela dont il s’agit, puisque ma traîtresse de main m’y oblige alors que mon moi conscient n’avait rien demandé, rien du tout, je dois révéler que je suis tombé petit dans la marmite religieuse. Des pieds à la tête, une authentique baignoire. Pas par mes parents (qu’ils reposent en paix) au demeurant neutres sinon athées, mais par l’école, à 80% confessionnelle dans mon pays plat d’origine. Soi-disant plat le pays, mais fondamentaliste, l’école, oui sans conteste. Les curés faisaient tout pour faire peser sur nos jeunes âmes sensibles le sentiment de culpabilité en général et sur cette base, celui de la nécessité de se faire prêtre en particulier. Pour donner un sens à sa vie. Disaient-ils.

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(Cardinal Francisco Jiménez de Cisneros, emprunt à Wiki)

Étant par nature et par mon histoire familiale une âme assez sensible, très accessible à la culpabilité, je fus donc catastrophé à l’idée que je devais me faire curé, alors que j’étais plus que tout autre chose attiré par le sexe qu’on disait opposé, ou le sexe faible selon certains alors que j’étais moi-même encore plus faible. Dévasté de culpabilité, je fus donc contraint d’imaginer un stratagème pour obliger celui que j’appelais Dieu à me lâcher les baskets. La conscience (la mienne en tout cas) a ceci de particulier qu’elle est capable de faire semblant de croire à ses propres élucubrations. Tellement semblant qu’elle finit par y croire vraiment. Le pauvre stratagème utilisé du haut de mes quatorze ans révolus fut que je fermai les yeux pour ne pas voir traîner sur un banc d’étude une certaine revue catho destinée aux ados qui, si je la percevais trois fois de suite me convainquais-je, serait le signe irrévocable que j’étais appelé par l’instance supérieure à la vocation sacerdotale. La sournoiserie étant que cette revue trônait sur à peu près tous les bancs. En réalité, un autre en moi, ayant plus de jugeote que le moi apparent que j’étais à l’époque, avait pris l’affaire en mains. Si je m’étais confessé sur le moment, le curé aurait parlé du diable en moi. Je décidai de ne plus me confesser. Quelques années plus tard, tout à ma découverte du monde merveilleux qu’était supposé représenter le sexe dit faible qui s’avéra bien plus fort que ma personne comme je viens de le dire (la répétition étant la base de ma conviction), j’abandonnai toute idée de religion et quittai l’Église pour ne plus jamais y remettre les pieds autrement que pour visiter avec plaisir ses monuments les plus représentatifs.

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Le compte y est, pensé-je, je peux donc revenir sur le roman-enquête de mon auteur, qui offre une analyse autrement plus sérieuse et exhaustive de son parcours religieux. Était-ce nécessaire ? Nous n’allons pas tarder à le savoir. Et bien mes ami-e-s, j’écarquille les yeux quand je deviens conscient soudainement de ce que les curés m’ont fourré au plus profond de mon cerveau dont je constate les ravages encore aujourd’hui. Voyez plutôt : mieux vaut être petit que grand, riche que pauvre, humble que superbe, et bien figurez-vous que je voulais tant être grand que je suis resté petit, que je n’ai jamais essayé d’être riche avec pour conséquence que j’ai dû batailler pour ne pas m’enfoncer dans la pauvreté, que je n’ai jamais réussi à être humble tout en n’étant jamais superbe. Quelle belle éducation qui fut la mienne ! Et puis j’apprends incidemment que (saint) Paul travaille pour manger et en plus travaille de ses mains. S’écroule toute mon interrogation sur le fossé entre travail manuel et intellectuel (cfr chronique précédente). Et voilà que l’auteur qui vient m’assène le premier coup de grâce : je n’ai jamais pu m’empêcher de trouver pathétiques ces personnages dont tout le désir sur terre est de dépendre. J’en tombe assis sur ma chaise. Mais j’étais déjà assis. (Tout ce qui est en italique appartient à l’auteur en question qui viendra dans ma prochaine chronique !)

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