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7 avril 2020

273 Confinements divers !

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Dans mon village, il y a un point presse librairie resté ouvert quand toutes les librairies « non-indispensables » ont dû fermer. Un miracle ? Bien que dans les Pyrénées, le village ne se trouve pas près de Lourdes. Il s’agit d’un point presse faisant tabac en même temps. Le tabac étant « indispensable » en ces drôles de temps tout comme « l’alcool », il vient dans ce cas à la rescousse du livre. Mon petit doigt a maintenu son service en troisième ligne de front et m’a concocté un programme de confiné anti-confinement. Tout le monde a le droit de rêver. Mon petit doigt, non, il vit de l’air du temps. Au lieu de me distraire des évènements, il m’y a replongé par des biais divers dont certains tellement durs que mon confinement m’a paru d’une douceur ou presque, n’allons pas trop loin.

Nous avons gentiment commencé par le tombeau d’Olivier. Quoi de plus confiné qu’un macchabée ! En général, je ne partage ni les opinions ni les analyses de son auteur même si je fus un jour maoïste et que lui se prétend toujours marxisant et maoïsant (à ma connaissance). Son dernier livre (très court) est en quelque sorte un éloge funèbre pour une vie interrompue trop vite comme il le dit lui-même, laquelle de vie fut celle de son fils. Son fils adoptif. Ce fils, Noir, adopté à dix mois, originaire du Congo, dont la mère est morte du sida en France, décédé lui-même accidentellement (l’auteur n’en est pas persuadé) à trente ans dans la neige des Alpes. Alain Badiou retrace dans une belle écriture cette vie singulière et le rapport qu’elle a entretenu avec le père adoptif, lui-même. Il rappelle et insiste en passant sur la souffrance générée par les contrôles intempestifs au faciès qui pèsent d’une manière insupportable sur ces jeunes, dont son fils, Noir. Un philosophe face à la mort prématurée d’un très proche. Beau et fort. (Alain Badiou, le tombeau d’Olivier, Fayard)

Pour changer de genre, nous sommes passés (mon petit doigt et moi) à la recluse. Quoi de plus confiné qu’une recluse, n’est-il pas vrai ? Il s’agit d’abord d’une araignée ainsi nommée parce que toujours cachée. Et il vaut mieux car elle est venimeuse. Pour obtenir une dose mortelle pour l’homme, il faudrait être mordu plus de vingt fois en même temps, mais quand même, il peut se trouver un homme ou une femme très malchanceux.se. Et il s’en trouve ! Alors le détective rêveur Adamsberg est arrivé, a mené cette enquête jusqu’à sa solution, presque malgré lui. (Fred Vargas, Quand sort la recluse, j’ai lu)

Là, je crois que mon petit doigt n’y est pour rien. J’ai retrouvé dans ma bibliothèque (mais c’est bien lui qui m’y a amené) une bande dessinée d’un auteur canadien confiné à Jérusalem-est (arabe) pendant un an. Il a suivi sa femme employée par MSF (médecins sans frontière). C’est lui qui garde leurs deux jeunes enfants à la maison. Quand ils sont à l’école ou en garderie, il en profite pour sortir faire des croquis de la vieille ville, de la ville juive, de la ville arabe, des colonies juives, des villes arabes des alentours (Naplouse, Ramallah et rarement Gaza), jusqu’à une ou deux fois Tel-Aviv et Jaffa. Il en fait des petites chroniques en dessins subtils d’une honnêteté bienvenue. Il croque ce qu’il voit ou vit. Il y en a pour toutes les croyances, chrétienne, musulmane et juive et pour tous les nationalismes, israélien et palestinien. Bien sûr, par la vertu de la réalité, c’est plus féroce pour les colons israéliens. Formidable (Guy Delisle, Chroniques de Jérusalem, éditions Delcourt 2012) 

Chroniques-de-Jerusalem_4208

www.pierreferin-ecrivain.fr  

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