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30 mai 2013

44 Changement de civilisation !?!?:;/pfff

 

Il paraît que nous changeons de civilisation et qu’il ne faudrait pas. De toute façon, cela ne se décrète pas, voyons. On s’en aperçoit toujours quand il est trop tard. Selon certains, il eut mieux valu en rester au « baiser pour procréer », ou, selon la principale boutique concurrente, « accepter tous les enfants que D-dieu nous donne ». Car, selon ses porte-paroles officiels et officieux, D-dieu veut couvrir la terre de petits religieux. Car ils nous racontent que D-dieu est un grand cabotin, il n’aime rien tant qu’on le loue, que ce soit prosterné ou à genoux. Mais ses zélés zélateurs espèrent surtout qu’on leur abandonne le pouvoir en s’en remettant à eux. Ils vivent mal la perte de leur domination. Ils ne supportent toujours pas que la femme ait été libérée (par la science) de la procréation obligatoire. Ils claironnent que nous sommes entrés en décadence depuis le funeste jour où elle a pu disposer librement de son corps et choisir de baiser pour son plaisir plutôt que pour procréer. Elle peut cependant toujours faire les deux à la fois comme dans le bon vieux temps. Entre nous soit dit (en passant – ne le répétez surtout pas), les homos ont toujours pu baiser par plaisir depuis la nuit des temps. Et maintenant, ils veulent aussi procréer ! Une finalité pour laquelle la science se met en quatre afin de découvrir toutes sortes de procédés que la nature, au fond, a déjà inventés, à moins que ce ne soit D-dieu ? Ce qui démontrerait si besoin était que ce sont toujours ceux qui s’en réclament qui sont les derniers à piger.

 

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(les permiers mariés de l'an I)

Prenons un autre exemple : la fameuse question de la famille, un exemple pris au hasard bien sûr. C’est quoi une famille ? Celle qui est à l’origine de la chrétienté, la sainte famille (Jésus, Marie, Joseph), si vous y regardez de plus près, c’est quand même une drôle de famille, très peu ressemblante avec celle qu’ils prétendent défendre aujourd’hui. Voyez-vous ça : (en abrégeant Michel Serres) dans la sainte famille, le père n’est pas le père, il ne baise pas sa femme, le fils n’est pas le fils de celui qui ne baise pas sa mère et le comble est que la mère est vierge. Que reste-t-il ? L’amour, mes chéris, l’amour toujours. 

 

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Depuis toujours, l’extrême droite liée à l’extrême catholicité ou chrétienté se prend pour le bon D-dieu et distribue ses leçons de moralité du haut de son intolérance et de sa capacité à se prendre pour le nombril du monde. Je suis d’accord avec vous, ils ne sont pas les seuls, mais on cause de ceux qui se mettent en avant en ce moment. Elle agite le spectre de D-dieu à sa guise et s’octroie le privilège de détenir la parole divine, supérieure à toutes les autres par définition. Le problème, c’est que, même dans ce créneau, les paroles divines sont légions, se concurrencent, et finissent par s’exacerber. On appelle cela les guerres de religions comme vous le savez. Elles sont tout à fait inutiles et très destructrices, comme vous le savez aussi. Nous n’en sommes pas si loin.

 

Executions_d'Amboise

(les exécutions d'Amboise)

Et voici la question du jour : y avait-il de l’amour dans la dernière manifestation contre le mariage pour tous (dernière en date, je précise) ? Si je me réfère aux pancartes que brandissaient un certain nombre d’individus (enfants ou adultes), il est à craindre que non, en tout cas, il ne devait pas y en avoir beaucoup. Jugez-en plutôt.

 

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(photo Libération)

 Une gamine de dix ans à la tronche bougonne (en bas à droite) brandit « future maman en colère » ! On peut légitimement se demander pourquoi elle tire une tronche pareille ? Serait-elle déjà angoissée par sa future procréation ou en aurait-elle marre d’être obligée de manifester ? On peut aussi imaginer que ses chers parents lui ont sûrement expliqué qu’elle enfantera dans la douleur. Belle perspective de vie. Une autre pancarte affirme « non à la culture de mort » associant Avortement, Euthanasie et Mariage homo ! Eh ben ça alors…ils m’avaient déjà expliqué que l’homosexualité était une maladie, de là à dire qu’elle est mortelle ! (Il faut peut-être leur dire à ces gens-là que les hétéros aussi peuvent contracter le sida – évidemment, quand on ne baise que pour procréer, les risques sont moindres). Enfin une troisième « Français, attention !, les francs-maçons font vos lois ». Chez ces gens-là, voyez-vous, il y a peu de temps, les francs-maçons (la quintessence de l’horreur) étaient les Juifs, et maintenant, c’est au tour des homos… toujours les mêmes à qui ils font porter les étoiles (jaunes) ou les triangles (roses).

 

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Hans Olofson aussi a changé de civilisation. Mais il a tout tenté pour s’adapter. Il a même essayé de surmonter le racisme, ce qui, pour un blanc en Afrique, n’est pas du tout évident. Mais le type est blindé de bonne volonté, animé des meilleures intentions du monde. Au bout du compte, il y a deux écueils qu’il ne peut éviter : aux yeux d’un Européen, les Africains restent mystérieux dans leur soumission à la superstition, chose incompréhensible pour un cerveau rationnel, et, en plus, il est rongé par un péché originel. On frémit en suivant ses aventures et ses actes irréfléchis, passant de la méchanceté à la bonté, tenu en haleine par un habile découpage des chapitres entre enfance et adolescence en Suède et âge adulte en Afrique (Zambie). C’est palpitant, épatant et plein d’interrogations. C'est l'histoire d'un enfant qui découvre très tôt qu'il est lui et personne d'autre. Quel écrivain !

-Les missionnaires n’aiment pas les gens noirs.

-Tu racontes des conneries !

-Je dis seulement les choses telles qu’elles sont, bwana.

-Arrête de m’appeler bwana !

-Oui, bwana.

-Bien sûr que les missionnaires vous aiment ! C’est pour vous qu’ils sont ici.

-Nous, les Noirs, nous pensons que la présence des missionnaires chez nous est une punition, bwana. À cause de l’homme qu’ils ont cloué sur une croix.

-Pourquoi vous restez ici, alors ?

-C’est une bonne vie, bwana. Nous voulons bien croire en un dieu étranger si on nous donne des vêtements et de la nourriture.

-C’est la seule raison ?

-Évidemment, bwana. Nous avons nos vrais dieux, qui ne voient pas d’inconvénient à ce que nous joignions nos mains deux ou trois fois par jour. Quand nous nous adressons à nos dieux, nous dansons et nous tapons sur nos tambours.

-Vous pouvez faire ça ici ?

-Parfois nous nous retirons dans le bush, bwana. Nos dieux nous y attendent.

-Les missionnaires sont au courant ?

-Bien sûr que non, bwana. Ils seraient très indignés. Ce ne serait pas bien. Surtout pas maintenant que je vais peut-être avoir un vélo.

Hans Olofson se lève sur ses jambes chancelantes. Je suis saoul, constate-t-il. Les missionnaires reviennent demain, il faut que je dorme.

-Ramène-moi à la maison, Joseph.

-Oui, bwana.

-Arrête de m’appeler bwana.

-Oui, bwana. J’arrêterai de t’appeler bwana quand tu seras parti.

Henning Mankell, L’œil du léopard, Points, traduit du suédois par Agneta Ségol et Marianne Ségol-Samoy

 

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