26 Un homme, une femme, deux enfants ! (Ah ! Le beau slogan !)
Vous l’avez certainement remarqué dans la manif des anti, c’était un de leurs slogans favoris.
Vous ne trouvez pas qu’il sonne faux leur beau slogan ? Vous ne pensez pas comme moi qu’il lui manque l’essentiel ? Eh quoi donc s’il vous plaît ? Mais mes enfants, c’est tellement évident, il manque bien sûr l’amour ! Non ! Pour eux, c’est un homme, une femme, deux enfants et basta ! Le compte est bon et la famille tradi est sauve. Soit dit en passant, pour beaucoup, ce ne sont pas que deux enfants, c’est tous les enfants que leur Dieu veut bien leur envoyer. Mais, avec la surpopulation mondiale, comme cela ne fait plus très sérieux, ils s’arrêtent donc à deux, un garçon et une fille, évidement. Et pourquoi ne parle-t-il pas d’amour ? Ils vous diront que l’amour est compris dans le service. Et tout comme moi, vous ne les croirez pas. Pourquoi ? Il suffit de regarder la réalité de près. L’amour n’est pas une valeur très répandue en général, encore moins dans la famille tradi en particulier. Je vous parle en toute connaissance de cause.
Cela ne m’a pas empêché de m’en sortir, remarquez. La raison profonde, pour moi, est la suivante : ils n’en parlent pas parce que l’amour n’est pas l’apanage exclusif du couple hétéro…N’importe quel couple peut aimer des enfants, ou pas. N’importe quel couple peut aimer ses enfants, ou pas, pas besoin d’être un couple hétéro pour cela. Qu’y a-t-il de plus important pour un enfant que l’amour qu’on lui porte ? Je vous le demande ! Mais l’amour, mes enfants, c’est aussi drôlement dangereux, alors que le patrimoine est beaucoup plus rassurant.
Autant je comprends parfaitement qu’on puisse manifester pour ses droits quand on est discriminé, autant je ne comprends pas qu’on puisse le faire pour empêcher les discriminés d’avoir les mêmes droits que soi. Et de quel droit le font-ils ? Ils peuvent invoquer qui ils voulent, Dieu, la nature, la chrétienté, ils ne me convaincront pas. Aucun dogme, jamais, n’a résisté longtemps à la réalité. Tous les dogmes sont pareils, ils résistent tant que l’ignorance persiste. Je ne comprends pas de quoi ils ont peur tous ces gens-là. On dirait qu’ils n’ont jamais bougé de l’endroit où ils sont nés. Ce sont des morts-vivants. Ils n’ont pas la moindre curiosité. Ils fuient l’évolution. Ils font l’autruche. Ils occupent leur vie à tourner autour de leur nombril. Tout le monde le sait, leur mentor idéologique, c’est l’Église catholique, elle est tapie derrière la manif en train de se taper sur les cuisses du bon coup qu'elle a réussi. La famille tradi, c’est écrit comme ça dans la bible. Ce n’est pas eux qui le disent, c’est Dieu. Tout comme pendant des siècles, leur Dieu a soi-disant soutenu l’esclavage, l’antijudaïsme puis l’antisémitisme. Ne l’oublions surtout pas ! Personnellement, tout ce que j’ai retenu de Jésus, c’est son message d’amour. C’est bien pour cela que j’ai quitté spontanément l’Église à 16 ans. Et cinquante ans plus tard, je suis tombé sur le livre de Frédéric Lenoir, sociologue, philosophe et spécialiste des religions, qui écrit ceci dans le Christ philosophe : (p 12) le message révolutionnaire du Christ qui cherche à émanciper l’individu du poids du groupe et de la tradition en faisant de sa liberté de choix un absolu [est antinomique] à la pratique de l’institution écclésiale qui en arrive à nier cette liberté intérieure pour sauvegarder les intérêts du groupe et de la tradition. Cette inversion radicale est loin d’être unique dans l’histoire du christianisme. L’Église n’a pas simplement été en deçà, ou à côté, des exigences de celui dont elle se réclame. Elle n’a pas simplement diminué, transformé, attiédi son message. En certains points essentiels, et en tant qu’institution, elle l’a totalement retourné. Elle l’a subverti.
Bon ! Je reviens au roman dans mon prochain article ! Ouf !