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29 août 2013

56 Drôles d'oiseaux !

 

Suis parti faire mon petit tour annuel en montagne. Le site que j’apprécie le plus en ce moment, c’est la Cerdagne, dans les Pyrénées orientales. Remarquez, quand je dis en ce moment, ça fait bien dix ans que j’y retourne quelques jours à chaque mois d’août. C’est une large bande de terre attachante aux horizons dégagés, bordés de quelques pics au pied desquels elle s’étend délicatement. De jolis villages la parsèment, Llo, Eyne et Dorres parmi ceux que je préfère. Deux sommets frisent les 3.000 m, le Carlit (2921 m) d’un côté et le Puigmal (2910 m) qui lui fait face.

 

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Mais mon sport favori n’est plus de m’élancer à l’assaut des sommets, je préfère à présent la contemplation, le jour, des paysages et la fréquentation des bains chauds naturels, et la compagnie, le soir, des oiseaux dont certains chants peuvent parfois s’avérer mélodieux. Parfois. Car cette année, j’ai plutôt croisé de drôles d’oiseaux.

 

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(bains romains de Dorres)

Vous le savez, j’aime bien donner des exemples. En voici en voilà. Une femelle prosélyte, espèce des plus courantes (mâle ou femelle), caquetait tambour battant que demain le monde entier pensera comme elle, si ce n’est pas demain ce sera après-demain, puisqu’elle pense juste, en matière de modes de vie alternatifs, et que la bonne parole ne pouvant que se répandre, le monde n’en sera que meilleur. Elle asséna à la professeure (femelle) au plumage coloré qu’elle avait le devoir de dispenser cette bonne parole à ses étudiants. Celle-ci lui répliqua dans son gazouillis favori, qu’elle ne dispense rien d’autre que la capacité à raisonner par soi-même. Cela ne suffit pas à clouer le bec de la femelle prosélyte au chant lancinant et au visage renfrogné qui allait avec un front buté, au-dessus d’un col raide et d’un plumage marron terne. La femelle professeure était souriante et se riait de son chant professoral. Mais l’autre ne laissa jamais passer son tour de caquetage. Elle s’en emparait même avant que la moindre parcelle de silence ait le temps de s’installer.

 

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(gronde l'orage)

En face d’elle s’épanouissait un drôle de zen mâle au ventre de Bouddha, apparemment en confidence avec la première, on se demande bien par quel artifice ?, souriant de toutes ses dents en toutes circonstances, parsemant les rares silences d’un air de gaieté et d’une pointe d’humour pas vache du tout. Quand soudain tonitrua depuis l’autre bout de table, un zélateur méridional (mâle) fan de l’animateur Bourding sur R-eM-e C (RMC pour les nordistes) à propos des élus profiteurs, tandis qu’un persifleur blogueur (mâle) à la crête blanche osa qu’aux élus pourris on peut allègrement ajouter ses nombreux électeurs fraudeurs du fisc. Cela fait beaucoup de monde qui plombe l’économie et empêche les trous d’être comblés. L’oiseau-hôte ne fut pas en reste, un siffleur mâle de bonne qualité prêt à tout pour favoriser la convivialité (définition de circonstance : personne n’était d’accord mais chacun faisait l’effort apparent d’encaisser avec le sourire, même crispé), car la convivialité, voyez-vous, était excellente pour son affaire, elle venait à point nommé compenser un repas calculé au plus serré.

 

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(hôte jongleur)

À condition de ne pas déraper sur la religion, chanta le siffleur hôte, sujet tabou par évidence, ce que le persifleur blogueur  aurait bien aimé tester juste pour constater l’état des lieux. Entendre dire par exemple par un cathogriste (mâle ou femelle) que le mariage homo porte atteinte à sa liberté de procréer en faisant le signe de la croix, comme un islamiste frériste (mâle) dirait qu’un buveur de bière est une pure provocation à son interdiction de boire. (lire deux fois)

Le persifleur blogueur  à la crête blanche observait ces drôles d’oiseaux, et, parallèlement (si je puis dire), lisait un drôle de roman (journal d’Hirondelle) d’un sacré volatile chapeauté que vous connaissez bien. Je vous laisse deviner en attendant de le dévoiler. Décidément, la liberté de dire et surtout de penser, c’est beaucoup plus fatigant que la pensée unique et obligatoire, mais bien plus réjouissant, à condition de ne jamais, au grand jamais, franchir la ligne rouge, savoir vouloir imposer ses valeurs morales ou sa permissivité aux autres par la contrainte ou la violence. Souriez vous êtes filmés.

On se réveille dans l’obscurité sans plus rien savoir. Où est-on, que se passe-t-il ? L’espace d’un instant, on a tout oublié. On ignore si l’on est enfant ou adulte, homme ou femme, coupable ou innocent. Ces ténèbres sont-elles celles de la nuit ou d’un cachot ? On sait seulement ceci, avec d’autant plus d’acuité que c’est le seul bagage : on est vivant. On ne l’a jamais tant été : on n’est que vivant. En quoi consiste la vie en cette fraction de seconde où l’on a le rare privilège de ne pas avoir d’identité ? En ceci : on a peur.

Amélie Nothomb, Journal d’Hirondelle, le livre de poche

 

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Où notre volatile chapeauté préféré développe la psychologie d’un tueur à gages. Que ne ferait-elle pas pour nous enchanter ?

 

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(oups ! le chapeau ! )

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Commentaires
L
je n'avais rien d'autre sous la main ! Un petit livre (une heure de lecture) tout à fait décalé ! Je n'ai pas regretté !
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M
Tu es toujours enchanté par Amélie Nothomb ... Moi, je n'y arrive plus depuis un bon moment....
Répondre
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